L’autolouange

C’EST QUOI ?

Si le mot autolouange peut surprendre, ou la pratique sembler nouvelle, celle-ci a existé sur tous les continents sous diverses formes depuis l’aube de l’humanité. On la retrouve encore aujourd’hui principalement dans les cultures orales, notamment en Afrique. Son essence est de dire « je » en complicité avec notre environnement, mariant l’intime à l’universel tout en convoquant notre force de vie.

Marie Milis lui en a donné ses formes contemporaines pour notre culture occidentale. Enseignante en mathématiques et éthique dans un lycée technique et professionnel en Belgique pendant plus de vingt ans, chercheuse en pédagogie participative, elle a développé l’autolouange dans des classes hétéroclites comme puissant levier de dignité et de solidarité pour les jeunes. Depuis, l’aventure a essaimé de la Belgique au Québec, vers la France et le Japon, le Brésil et la Suisse avec des facilitateurs d’autolouange formés et aujourd’hui actifs dans une grande diversité d’implications sociales et professionnelles.

L’autolouange repose sur une telle sobriété de consignes qu’elle peut dérouter la première fois qu’on les entend. Il n’y en a que deux, voire trois : créer et proclamer un texte en « je », avec amplification et intégrité. Laisser parler les facettes de soi présentes, là et maintenant, de manière imagée et vaste.

Au premier abord, en entendant le mot louange, on pourrait imaginer qu’il s’agit de mettre en avant uniquement le positif, comme de chanter ses propres louanges. Rien n’est plus faux. L’étymologie de louer, laudare en latin, nous renvoie à approuver sans restriction. Tout est bienvenu, que ce soit la colère ou la légèreté, le printemps ou l’hiver, la mousson ou la sécheresse… et c’est dans cet accueil inconditionnel que souffle un vent de liberté bienfaisant.

L’amplification, c’est donner toute la place à ce qui nous traverse, grâce à une expression montgolfière, immense, voire exagérée. Pour exprimer son courage, se convoquer en samouraï, pour évoquer son altruisme, arroser la Terre de sa générosité infinie et faire reverdir le désert, etc. Il est surprenant de constater que ce qui pourrait paraître une exagération est en fait bien plus fidèle à notre nature profonde que les portraits étriqués de nos quotidiens.

Cette signature d’authenticité est possible grâce à la troisième consigne, en filigrane, car j’ai rarement besoin de la rappeler tant elle semble venir spontanément : ne pas mentir. Par exemple, ne pas m’évoquer soleil radieux si en cet instant c’est la tristesse qui fait des plis sur mon cœur… L’amplification invite spontanément la métaphore et donne un passeport de liberté et de pudeur pour s’exprimer sans livrer sa biographie ou des détails qu’il serait gênant de partager.

L’amplification est ainsi le sésame qui permet d’éviter toute intrusion ou voyeurisme. L’inconscient y trouve un terrain de jeu en liberté permettant de se dire, avec une parfaite régulation de ce qui peut être partagé ou pas à ce moment précis dans ce groupe particulier.

Cette pratique est une magnifique école d’émerveillement. Elle affute mon regard sur moi-même et sur l’autre dans la bienveillance et l’accueil. Au bonheur de tous, elle dévoile des diamants incognitos dans chaque goutte de rosée. Elle est une parole des sources prête à jaillir, disponible en chacun, avec ou sans l’écrit, sans aucun prérequis, si ce n’est un brin d’esprit d’enfance ou d’aventure pour oser. Accompagner ces éclosions et le respect et l’estime qui en découlent est pour moi un privilège et une immense joie.

l’autolouange, une parole de dignite, video de marie milis